« Une personne infectée par CoVid-19 produit des milliards et des milliards de virus (virions ou particules virales) qui sont émis dans l’air par l’éternuement, la toux, la parole, les cris et le chant. L’émission par la seule expiration est très faible ; elle ne constitue pas un réel danger. Les virions ne se trouvent pratiquement jamais libres en dehors du corps humain, mais au sein d’amas de débris cellulaires et mucosités. Et leur émission par l’appareil respiratoire s’effectue grâce à des microgouttelettes (particules G) qui sont formées à partir de ces éléments ; elles sont invisibles, leur diamètre se situant entre 5 et 150 microns. Dans toutes les infections pulmonaires bactériennes ou virales, la contagion ou contamination interhumaine se produit à partir de ces particules G invisibles qui forment un aérosol. Mais pour un très petit nombre d’infections, elle peut se produire de plus à partir d’autres microparticules beaucoup plus dangereuses, appelées particules aéroportées (particules A), dont le diamètre se situe en-dessous de 5 microns.
Alors que les particules G sont denses (riches en eau) et ont une faible portée (de l’ordre de 1 mètre à 1,5 mètre, au grand maximum 2 mètres), les particules A sont peu denses (pauvres en eau) et ont une plus grande portée ; surtout, elles ont la caractéristique de rester en suspension dans l’air, à la différence des particules G.
C’est là un point clef de la lutte contre la propagation des coronavirus ; car il existe une incertitude qui divise les virologistes et les épidémiologistes. En effet, lors des épidémies d’infection à SARS-CoV en 2003 et à MERS-CoV en 2013, il existait un relatif consensus pour dire que le coronavirus respiratoire pouvait être émis dans des particules A. Or, cela modifie considérablement les dispositions préventives à prendre : les particules contaminantes de type A (aéroportées) demeurent dans l’air pendant plusieurs heures et l’on peut donc en principe se contaminer uniquement en inhalant l’air d’une pièce occupée quelque temps auparavant par une personne malade, infectée par le SARS-CoV (SARS-CoV, MERS-CoV ou SARS-CoV-2, il s’agit toujours de coronavirus qui ont les mêmes propriétés physiques). »
» Ce que l’on sait pour le moment, c’est que le Covid-19 se transmet par gouttelettes et aérosols, émis par la respiration, la salive, des sécrétions respiratoires. De petites quantités d’air sortent effectivement de la bouche des chanteurs et des pavillons des instruments, mais ce qui fait le son c’est la vibration.
Distance de 3 à 5 mètres entre chanteurs
Pour autant, d’importantes quantités de mucus sont sécrétées pendant le jeu ou le chant, qui peuvent être expulsées par la toux, des éclaircissements de gorges. Des gouttelettes sont aussi facilement projetées pendant le chant, notamment sur les consommes. Pour cela, les médecins allemands recommandent d’étendre la règle de distanciation à 3 ou 5 mètres pour les chanteurs comme les instrumentistes à vent. Dans les grandes salles, il faudrait maximiser cette distance et assurer une grande ventilation. Pour le chant choral, le risque d’infection est supposément multiplié. Il est ainsi recommandé de tester les chanteurs avant toute répétition pour exclure les cas positifs au Covid-19. Devant l’impossibilité de mener de tels tests aujourd’hui, les médecins recommandent que les chorales ne reprennent pas leur activité jusqu’à nouvel ordre. Pour ce qui est des cours individuels, les cours pourraient se tenir si la distance de 3 à 5 mètres peut être mise en place et la salle aérée au moins 15 minutes entre chaque élève. »
« Du fait du risque de propagation du virus dans l’air, de nombreuses questions se posent concernant un risque potentiellement accru de contamination inhérente aux pratiques du chant ou d’un instrument à vent en relation avec l’air expiré. Dans ces pratiques, la production sonore est dépendante de la production de l’air expiré. La respiration s’adapte aux besoins de l’émission du son. La pression et la vitesse de l’air expiratoire sont modulées en fonction de l’émission vocale et sonore désirée. Pour produire un son dans la voix chantée et parlée, le flux d’air met en vibration les cordes vocales. L’énergie aérienne devient ainsi une énergie acoustique. La muqueuse des plis laryngés vibre sous l’effet de la pression sous-glottique, laissant s’échapper cycliquement des puffs d’air.Le nombre de ces puffs émis par seconde détermine la fréquence de la voix[….]
Selon les connaissances physiologiques actuelles, il semble que seules de petites quantités d’air par unité de temps s’écoulent réellement de la bouche du chanteur ou du pavillon de l’instrument à vent. Les mesures actuelles (5 mai 2020) effectuées auprès de musiciens de l’orchestre symphonique de Bamberg confirment ces hypothèses. Les mesures ont été effectuées par une entreprise spécialisée dans la mécanique des fluides. Le risque d’une propagation accrue des aérosols liée à la pratique du chant ou d’un instrument à vent n’a pas été scientifiquement étudié pour le moment. En revanche, il peut y avoir d’importantes productions de mucus par ces instrumentistes et chanteurs, indépendamment de la production sonore. Il n’est pas rare d’observer en jouant ou en chantant qu’il se produit plus de mucus et que celui-ci est ensuite éliminé du système respiratoire en toussant ou en s’éclaircissant la gorge. De même, lors d’un jeu prolongé, une production accrue de mucus peut se produire en raison d’une sur-charge des voies respiratoires. Pour les professeurs Claudia Spahn et Bernhard Richter, rédacteurs d’un de ces deux rapports, le respect des règles de distanciation physique est toujours important. Néanmoins, sur la base des connaissances de la physiologie des pratiques instrumentales et de la voix chantée, et des mesures effectuées dans le cadre de l’orchestre de Bamberg, il ne semble pas nécessaire de dépasser de manière significative la distance de 3 à 5 mètres. Une distance de 2 m semble être suffisante comme distance minimale pour les instrumentistes à vent et les chanteurs, puisqu’à cette distance, aucun mouvement d’air supplémentaire dans la pièce pendant le jeu ou le chant n’a été détecté lors des mesures.Faire de la musique dans de très grands salles, comme des salles de concert est susceptible de réduire le risque car cela permet une distance sociale maximale.De même, assurer une ventilation appropriée semble toujours important. »
Cela implique d’être à l’aise à son domicile pour chanter (voisinage, famille etc…) Je pense que cela peut intéresser certaines personnes. Cela ne vaudra jamais une relation en direct, mais il semble que la période soit propice aux essais nouveaux, même s’ils semblent peu attirants au départ.
Cela peut intéresser des personnes qui ne sont pas à l’aise à leur domicile pour chanter et pour lesquelles le déplacement est facile et envisageable.